Le bleu contre le blues !

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

« Tsunami bleu », titraient les commentaires de la presse espagnole. La crise de la dette et les « indignés » qui tenaient la rue à Madrid auront eu le même effet sur l’opinion en Espagne : pour chasser la peur du chaos, les électeurs se sont massivement portés sur la droite, le parti populaire aux drapeaux bleus. Une vague électorale inédite depuis la restauration de la démocratie en 1977.

Mariano Rajoy a obtenu la majorité absolue aux Cortès en faisant élire 186 députés (sur 350 sièges), n’en laissant que 111 (soit 58 de moins qu’au scrutin de 2008) aux socialistes de Zapatero, au pouvoir depuis 2004.
Modeste et sans grand charisme, Rajoy a eu l’intelligence de bâtir sa campagne autour d’une valeur forte et d’une seule : la confiance. C’était la doctrine d’Alain Peyrefitte, que développe Alain Minc (voir la Revue des Deux Mondes de décembre) : « En économie, il n’y a pas seulement deux facteurs de production, le capital et le travail, mais trois : le capital, le travail et la confiance. » Ce qui arrête la machine et précipite le vertige, dit Minc, c’est la peur : « Celle-ci « congèle » le système financier, mais elle n’a pas touché le reste des acteurs. » Encore faut-il libérer ces acteurs.

Pourquoi Zapatero et ses socialistes ont-ils été battus à ce point ? N’avaient-ils pas pris la mesure de la crise ? Si, mais trop tard. N’avaient-ils pas gelé les pensions de retraites, taillé dans la masse salariale de la fonction publique ? N’avaient-ils pas voté la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire ? Si, ils l’avaient fait et cela représente déjà 15 milliards d’euros de baisse des dépenses. Mais cela n’a pas suffi ; il manquait la confiance. José-Luis Zapatero a du convoquer des élections anticipées. Il n’avait plus de crédit dans l’opinion ; l’horizon politique du pays était devenu instable : le mouvement des « indignés » qui créait un désordre permanent dans la rue faisait redouter le pire ; et les marchés attaquaient. Rajoy est arrivé pour « désarmer la peur » en faisant « la guerre à la crise ».

Si le nouveau premier ministre n’avait que des données comptables devant lui, entre déficits (7%) et chômage (à 21%), sa situation serait démoralisante. Il a heureusement deux cartes pour lui, l’une c’est donc la confiance sur laquelle reposent croissance et emploi; l’autre, c’est d’appartenir au même parti européen que la chancelière allemande.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 26 novembre 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’Académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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