Le tango franco-allemand

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Les crises se traitent le dimanche. Ce jour-là, ni rendez-vous ni réaction des marchés. Les Européens se sont donc retrouvés ce dimanche à Bruxelles en conseil. Depuis des mois, la question était : que font les Européens ?

Mais qui sont les Européens ? A voir l’Anglais Cameron, qui n’est pas dans la zone euro, réclamer aux autres de sécuriser l’euro, on se dit que les Européens ne sont que deux : Sarkozy et Merkel.
Leur situation intérieure n’est pas brillante. Lui comme elle ont perdu leurs élections locales et leurs cotes dans l’opinion ne sont pas fameuses. Leurs destins sont liés : ils ne peuvent remonter la pente qu’en retrouvant de la confiance, laquelle repose sur la manière dont ils résoudront la crise actuelle. Leur plan tient en une triple affirmation : on ne laissera pas tomber la Grèce, ni les banques, ni l’euro. Ils l’ont répété ; on ne les croyait pas.

Les Allemands, ceux que l’on prend au sérieux parce qu’ils ont de l’argent, étaient divisés. Cette désunion allemande (entre la chancelière, son ministre des Finances, le gouverneur de la Bundesbank) jetait le discrédit sur le reste, ce qui entretenait la fébrilité des marchés et le stress des opinions. Sarkozy a passé son temps à en souligner la nocivité auprès de la chancelière et de son entourage. Encore fallait-il qu’il donne des garanties de sérieux, d’où les engagements pris par la France : 23 milliards d’économies en 2011, 45 milliards en 2012, et 58 milliards en 2013 – « le budget de 2012 est le plus rigoureux que la France ait connu depuis 1945 », dit Fillon.

A force de se répéter, et une fois acquis le vote par tous du fonds de soutien européen décidé le 21 juillet, Merkel et Sarkozy ont obtenu, dès leur rencontre du 9 octobre, que cesse la cacophonie allemande, que les marchés financiers se calment et repartent à la hausse. Dès lors tout s’est concentré sur la préparation du conseil de ce 23 octobre. Dans l’orchestration finale, un couac, un seul : le vote des Slovaques. Ceux-ci ont d’abord voté contre le plan de soutien avant de l’approuver. Ce faisant, ils ont signé la condamnation du vote à l’unanimité dans les décisions européennes. Sarkozy et Merkel sont décidés à faire adopter les décisions à la majorité – seul moyen de mettre de la discipline dans la classe pour rétablir le crédit de l’Union. Ainsi, pense Sarkozy, « fais ce que dois, advienne que pourra. »

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 22 octobre 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’Académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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