Ces diplomates qui furent aussi des écrivains du XIXe siècle à nos jours
Chateaubriand, Morand, Claudel... leur influence, par Georges-Henri Soutou et Gilles Ferragu, invités de Christophe Dickès
Au mois de mai 2011 à La Courneuve, un colloque a été organisé sur le thème : « Les écrivains-diplomates, pratiques, sociabilités, influences, aux XIXe-XXIe siècles ». A l’initiative de plusieurs universitaires, il fut placé sous le haut patronage du Ministre des Affaires étrangères et européennes et sous le parrainage de l’Académie des sciences morales et politiques. Georges-Henri Soutou, membre de cette académie, et Gilles Ferragu, maître de conférences, reviennent sur les conclusions de cette rencontre dont les actes seront publiés ultérieurement.
Jean-Baptiste Duroselle dans sa théorie des relations internationales, Tout empire périra, parue chez Fayard (1981), évoque les diplomates et les militaires, les diplomates et les financiers, les diplomates et les propagandistes… mais il ne parle guère des diplomates écrivains ou bien de l’aspect culturel de leur charge.
Or l'écrivain-diplomate fait partie de notre patrimoine à la fois culturel et politique, de notre diplomatie. Lucien Bély, Yves Bruley, Stanislas Jeannesson, Michel Murat, Jean-François Sirinelli, Jacques-Olivier Boudon... Georges-Henri Soutou, de l'Académie des sciences morales et politiques, et Gilles Ferragu, ils furent nombreux à se retrouver successivement au Centre des Archives diplomatiques de la Courneuve puis au Quai d'Orsay pour étudier ce vaste sujet que constitue la carrière de ces hommes qui laissèrent leur nom à la postérité.
Pourtant, il existe à première vue une opposition entre les deux vocations : on a vu d'ailleurs un agacement des diplomates au moment de l'envoi de Daniel Rondeau à Malte et de l'installation du prix Goncourt Jean-Christophe Rufin en Afrique, élu depuis à l'Académie française. En effet, au mois d'août 2007, sur proposition du ministre Bernard Kouchner, Jean-Christophe Rufin est nommé ambassadeur au Sénégal et en Gambie, en résidence à Dakar. Certains écrivains séparent les deux activités quand d'autres arrivent à cumuler cette double vocation en une seule. De son côté, Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, explique que le goût des diplomates pour l'écriture n'est pas un hasard : « L'écrivain et le diplomate doivent développer une qualité commune : la capacité à s'intéresser à ce qui est différent de soi, l'empathie. Tous deux ont le goût de leur propre langue, et le goût de celles des autres ».
L'émission Un jour dans l'Histoire vous propose de revenir sur les pas de Chateaubriand et de Saint-John Perse, de Paul Morand et de(...)