Jean-Claude Trichet : dans la zone euro, rétablir des finances saines pour un retour à la croissance

Le président de la Banque centrale européenne s’entretient avec Thierry de Montbrial et François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne s’est entretenu avec ses deux confrères de l’Académie des sciences morales et politiques : Thierry de Montbrial et François d’Orcival, au micro de Canal Académie. Redresser les finances publiques des pays de la zone euro avec des plans de rigueur suscite des mouvements d’opinion hostiles... et pourtant, aucune reprise de la croissance n’est possible sans finances saines. D’où la nécessaire surveillance mutuelle de la gouvernance entre les dix-sept pays de la zone euro.

La crise des finances publiques n’est pas finie ; elle est jugulée. Elle aura été la plus violente depuis la Seconde Guerre mondiale, elle aurait pu être pire encore, dit Jean-Claude Trichet, si les Etats-Unis, d’un côté de l’Atlantique, et les Européens, de l’autre, n’avaient pas mobilisé l’équivalent de 27% de leur Pib en financements et en garanties de toutes natures.

Cela ne pouvait pas ne pas se traduire par le redressement impératif des finances publiques des Etats souverains. Or ces plans de rigueur budgétaire ont provoqué des mouvements d’opinion hostiles dans de nombreux pays de la zone euro. Pour ne prendre que les exemples les plus récents, on peut citer : la défaite de la chancelière allemande aux élections locales, celle du président français ; mais aussi la victoire électorale de l’opposition en Irlande ou la censure du gouvernement au Portugal.

Crise de confiance ?

C’est tout le problème. « Chacun est responsable de soi-même », observe Jean-Claude Trichet. Quand il examine globalement la situation de la zone euro, en « consolidé », il constate que les soldes budgétaires sont maîtrisés, mais cela masque des situations très contrastées d’un pays à l’autre. « Il y a eu des extravagances », admet-il en soulignant la nécessité du rétablissement des équilibres budgétaires, préalable indispensable au retour de la confiance pour la création de richesses et d’emplois.


« Sans finances publiques saines et crédibles, dit-il, il n’y aura ni stabilité ni retour de la croissance. »

Et pour obtenir ce résultat, le président de la BCE estime que la surveillance mutuelle de la gouvernance des Européens entre eux doit se renforcer. La crise est venue d’un manque de surveillance. « Il faut l’intensifier et les sanctions doivent être appliquées. »

Que se passerait-il si un pays de la zone ne respectait pas ses engagements ? « Je ne peux imaginer qu’un Etat européen ne respecte pas sa signature », affirme Jean-Claude Trichet.

Un entretien exclusif pour comprendre et clarifier les épisodes de la crise actuelle.

A écouter aussi : Jean-Claude Trichet : la surveillance de la compétitivité dans une Union monétaire une communication à l'Académie des sciences morales et politiques donnée par Jean-Claude Trichet le lundi 28 mars 2011.

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