Janvier 2011, Sur le Pont des arts : prise de position et débats sur les arts

De l’Hôtel de la Marine à la définition de l’art, aujourd’hui
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

L’émission Sur le Pont des arts vous propose de mieux connaître la vie de l’Académie des beaux-arts et ses différentes activités. En ce mois de janvier, elle revient sur l’implication de l’Académie dans les débats en cours, à propos de l’art et de la défense du patrimoine et vous propose trois interviews : l’académicien François-Bernard Michel, le sculpteur Fabienne Teyssier-Monnot et l’écrivain Pascal Amel de la revue Art Absolument.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : aba503
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Saviez-vous que l’Académie des beaux-arts prend position dans le débat d’idées, la distribution de prix n’étant pas sa seule mission ? La preuve :

Art et Patrimoine

Le destin de l’Hôtel de la Marine, ces derniers temps, a fait couler beaucoup d’encre et suscite l’intérêt des défenseurs du patrimoine et de l’histoire de France. L'Etat français a décidé, en novembre 2010, de vendre l’Hôtel de la Marine, classé monument historique, connu pour son péristyle et sa colonnade en façade. Le bâtiment construit sur ordre de Louis XV pour abriter le garde-meuble de la couronne, appartient à la catégorie incontestée, des Lieux de Mémoire.

Hotel de la Marine, Place de la Concorde, Paris

Pillé en 1789, pendant la révolution française, la même année, le secrétariat d'État à la Marine s’y installa. La vente de cet emblématique quadrilatère, restauré en 2009 par l'État, bordant la Place de la Concorde, a provoqué un tollé général.

L'Etat a donc opté pour une location entre 60 et 80 ans qui n’a pas suffi à calmer la polémique. Faut-il à tout prix vendre des pièces maîtresses du patrimoine français pour alléger le budget de l'Etat ? Cette privation annoncée a révélé au grand public, le projet parmi d’autres, de l’entrepreneur Alexandre Allard, qui défend une vision commerciale du patrimoine contre l’idée « d’un patrimoine sous cloche ».
Depuis deux ans, il travaille en effet, à faire de ce lieu un rassemblement des différentes formes d’expressions des arts plastiques : expositions, événements marchands, galeries, fondation, pour imposer Paris comme un acteur incontournable du marché de l’art.
Pour cela, il a fait appel à deux ou trois personnes dont l’architecte Jean Nouvel pour créer à cette adresse prestigieuse, une vitrine de la production des métiers d’art. Pour l’heure, l’état-major de la Marine nationale y a ses quartiers jusqu’en 2014, année à partir de laquelle, il rejoindra un autre site dans le quinzième arrondissement.

Plusieurs appels pour la sauvegarde ce fleuron d’histoire nationale ont été lancés. Des historiens ont rappelé qu’y fut rédigé le décret de l’abolition de l’esclavage de 1848. Certains aimeraient y voir s’installer un musée. Le débat s’est ouvert également sur une occupation mixte possible entre le privé et l'Etat.

Le Président de la République a annoncé, mercredi 19 janvier 2011, la mise en place d'une "commission composée de gens indépendants", afin de déterminer "quelle est la meilleure utilisation de l'Hôtel de la Marine". La décision finale est reportée à juillet 2011. Mais qui pour l’heure, compose la dite commission ?

Le 20 janvier dernier l’Académie des beaux-arts faisait paraître le communiqué de presse suivant :

L'Académie des beaux-arts s’inquiète du devenir de l'Hôtel de la Marine après le départ de l'Etat-Major de la Marine prévu à la fin de l’année 2014.

Les membres de l’Académie et en particulier la section d’architecture, s’interrogent profondément sur l’avenir de ce bâtiment historique, fleuron d’une architecture urbaine exceptionnelle.

L'Académie des beaux-arts souhaite s’associer à toute réflexion indépendante qui conduira à une solution noble et respectueuse pour cet édifice emblématique de l’histoire de la Nation.

Si l’Académie des Beaux-arts rend des avis et prend position dans le débat public, elle débat également en interne de questions sur l’art.

Organisés sous forme de groupes de réflexions, depuis dix ans déjà, les académiciens se réunissent en dehors de leurs séances hebdomadaires sur des thématiques qui interrogent de façon majeure les arts dans la société d’aujourd’hui. Ainsi l’an dernier, ils ont débattu de « La transversalité des arts ».

François-Bernard Michel, membre de l’Académie des beaux-arts, 19 janvier 2011, Canal Académie
© Canal Académie

L'académicien François-Bernard Michel (élu en 2000), auteur d’ouvrages entre la médecine et les arts, parmi lesquels, Proust et les écrivains devant la mort (Grasset, 1995. Prix de l'Académie Française), La face humaine de Vincent Van Gogh (Grasset, 1999), mais aussi poète et organisateur d'expositions, est interviewé dans cette émission sur ces débats qu’il a initiés à l’Académie. Tous les deux mois, il réunit un groupe de confrères en dehors des séances hebdomadaires du mercredi qui n’en demeurent pas moins pour les académiciens des beaux-arts, le lieu de débats permanents et réguliers.

Cette année, comme il nous l'explique dans cet entretien, avec quelques confrères compositeurs, sculpteurs, graveurs, ils s’interrogent sur une définition de « l’art actuel ».

Pour lui, comme pour tous ces confrères, il va de soi que l'Académie ne peut s'ériger en juge mais «se manifester par la réflexion est une des missions de l'Académie. » Cependant les académiciens ne peuvent s'interdire de porter un regard sur les œuvres d'autres artistes mais en tant qu'artistes et non en tant que juges. Cette année, ils échangent autour d'une définition à trouver à l'art actuel, refusant que la glose prenne le pas sur l'œuvre, que l'artiste devienne plus reconnu que son œuvre.


Des fondations gérées par l'Académie des beaux-arts

L'Académie des beaux-arts abrite quelques fondations, sans rapport administratif et juridique avec celles de l’Institut de France. Parmi les plus connues, citons : la Fondation Claude Monet à Giverny, ou le Musée Marmottan-Monet. Sur la côte d’Azur, l’Académie s’occupe de la Villa Ephrussi Rothschild où viennent d’être restaurés, après deux mois de travail par une équipe de 6 personnes, les 8 mètres carrés d’une peinture ovale de Tiepolo : « Le char de l’Amour tiré par des colombes », collée au plafond d’un de ses grands salons.

La Baronne Ephrussi de Rothschild en fit l’acquisition au milieu du XIXe siècle. La toile fut probablement décollée du plafond d’un palais vénitien dont on ignore le nom, l’histoire de ses origines s’étant perdue. Il a fallu 4 ans pour réunir les fonds nécessaires à cette restauration qui donne des couleurs nouvelles à ce joyau, légué à l’Académie en 1934, dont le palais et les jardins sont ouverts au public, pratiquement chaque jour de l’année.

Peinture

Dans le domaine de la peinture, signalons pour les amateurs de palace, le cinq étoiles proche de la Madeleine, à Paris, le Burgundy, dont le peintre Guy de Rougemont, membre de l’académie vient de signer le nouvel aménagement avec le sens qu’on lui connaît de transformer les espaces publics ou architecturaux en œuvres d’art depuis 50 ans. Il aborde l’espace comme un peintre laissant sa ligne serpentine guider les visiteurs et accueillir certaines de ses œuvres peintes ou sculptées.

Gravure

Du côté de la gravure, le musée des beaux-arts de Nîmes consacre une exposition au graveur Jean-Marie Granier (membre de l'Académie, disparu en 2007), jusqu’au 27 février intitulé Bestiaire : mantes, libellules, abeilles, fourmis sont gravées à la pointe sèche. Une soixantaine de gravures est ainsi exposée dans ce musée qui possède aussi une trentaine de dessins de ce maître de la gravure au style d’acier.

Sculpture

Sculptures de Fabienne Teyssier-Monnot, exposition janvier 2011 Maison du Citoyen et de la vie associative de Fontenay-sous-Bois
© Canal Académie


Du côté de la sculpture l’académicien Antoine Poncet a une exposition personnelle au Jing' An Sculpture Park de Shanghaï , Jusqu'en mai 2011 : pour ceux qui sont en Asie.

Fabienne Teyssier-Monnot, sculpteur, 15 janvier 2011, Maison du Citoyen et de la vie associative de Fontenay-sous-Bois
© Canal Académie

Ce mois-ci, Sur le Pont des arts vous propose de découvrir le travail de Fabienne Teyssier-Monnot, qui a reçu le prix 2010 de sculpture de la fondation Claude Berthault, un prix attribué par l’Institut de France sur les propositions de l’Académie des beaux-arts.

Elle participait à une exposition collective à Fontenay-sous-Bois du 18 au 29 janvier à la Maison du citoyen. Dans cette émission, elle présente quelques unes de ses œuvres, comme Nébuleuse, et Récepteur de nuages : Mon travail est l'empreinte d'une rêverie en cours...Je décompose pour chercher la fibre. Travaillant plusieurs matériaux, l'important pour elle, est de créer des sculptures où la tension, la saturation, le rythme invitent au voyage vers des mondes imaginaires.

"Nébuleuse", Sculpture de Fabienne Teyssier-Monnot, exposition janvier 2011 Maison du Citoyen et de la vie associative de Fontenay-sous-Bois
© Canal Académie


Quelle définition de l'art défendent les revues d'art ?

Sur le Pont des arts a rencontré Pascal Amel, directeur et co-fondateur de la revue Art Absolument avec Teddy Tibi, créée en 2002, diffusée à 20 000 exemplaires. Depuis deux ans, forte de son succès, la revue a opté pour une formule bimensuelle, toujours au service des artistes contemporains vivant en France, avec l’idée de créer des ponts entre les grands artistes du passé, ou bien entre le patrimoine esthétique des civilisations et les artistes d’aujourd’hui. Dans cette interview, Pascal Amel explique les choix rédactionnels d'Art Absolument : l'œuvre au centre, artiste reconnu ou non.

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Couverture du numéro 17 de la revue "Art absolument"

->http://www.artabsolument.com/fr]

Pour en savoir plus

- Académie des beaux-arts
- François-Bernard Mâche
- Fabienne Teyssier-Monnot
- Revue Art Absolument

Retrouvez sur Canal Académie la chronique "Sites et patrimoine" de Robert Werner, correspondant de l'Académie des beaux-arts, dans la section architecture consacrée à l'Hôtel de la Marine et une autre émission avec l'académicien François-Bernard Michel.
-L’Hôtel de la Marine : une proie de prestige
-"Sein", roman de François-Bernard Michel

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