La vie dans l’univers, du rêve à la réalité

par André Brack, du Centre de biophysique moléculaire, CNRS, Orléans

Sommes-nous seuls ? Y a-t-il une vie dans l’univers ? Ces questions formulées depuis l’Antiquité, sont au cœur de l’exobiologie, plus connue à l’étranger sous le nom d’astrobiologie, science qui a pour finalité la découverte d’une vie extraterrestre. Écoutez la conférence d’André Brack, qui avait lieu au Bureau des longitudes en février 2010.

Ce vaste domaine pluridisciplinaire de recherche, fait appel aux sciences de l’Univers, aux sciences de la Terre, la physique, la chimie, la biologie ainsi qu’à des sciences sociales comme la sociologie et l’épistémologie. Quel type de vie cherche-t-on ?
Seront considérés comme vivants des systèmes ouverts, recevant donc matière et énergie, capables de s’auto-reproduire et d’évoluer.

Dans une première approche, les exobiologistes utilisent l’origine de la vie terrestre comme référence et limitent leurs recherches à une vie utilisant ces ingrédients de base de la vie terrestre, à savoir l’eau et les molécules organiques. Pur anthropocentrisme ? Non, car le couple eau/chimie du carbone présente des qualités exceptionnelles qui ont été démontrées en laboratoire et qui seront présentées.
Trois filières de production de molécules organiques ont été identifiées :
- l’atmosphère
- les systèmes hydrothermaux sous-marins
- l’espace via les météorites et micro-météorites collectées en Antarctique.

Chambre de simulation de la chimie organique interstellaire
Des glaces d’eau, monoxyde et dioxyde de carbone, méthanol et ammoniac (2,1,1,1,1) ont été irradiées à 12 K au Laboratoire d’Astrophysique de Leide, aux Pays Bas.
Encelade, une lune glacée de Saturne

Des sites extraterrestres hébergeant, ou ayant hébergé, à la fois de l’eau à l’état liquide et la chimie du carbone sont explorés, tant le système solaire (Mars, Europe, Titan, Encelade), qu’au-delà de notre système planétaire avec quelque 400 exoplanètes détectées à ce jour.

La vie sur Mars: la preuve par le méthane ?

Le spectromètre PFS (Planetary Fourier Spectrometer) de Mars Express (Vittorio Formisano) a détecté du méthane dans l'atmosphère de Mars. La teneur varierait entre 10 et 30 ppv (parties par milliard). Le méthane a été confirmé depuis la Terre (Télescopes IR et Keck à Mauna Kea, Hawaï) en janvier 2009.
Avec une durée de vie de 300 ans, il faut une source permanente de méthane : Mars n’est pas morte!

Delta d’une rivière martienne dans Nepenthes Mensae, photographiée par Mars Express
© ESA\/DUR\/FU Berlin (G. Neuhum)

L'origine est-elle géologique (volcans) et/ou biologique (bactéries méthanogènes) ? Aujourd’hui, on ne sait pas. Il faudrait d’autres biomarqueurs gazeux (ammoniac, formaldéhyde) mais durée de vie très courte (quelques heures) et des raies d'ammoniac sous des raies de CO2.

Écoutez la conférence d'André Brack. Elle avait lieu au Bureau des longitudes à l'Institut de France en février 2010.

André Brack est astrobiologiste, Directeur de Recherche Emérite au Centre de biophysique moléculaire du CNRS à Orléans.

En savoir plus :

- Bureau des longitudes

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