Les origines de la démocratie par Jean Baechler

Une communication prononcée à l’Académie des sciences morales et politiques
Jean BAECHLER
Avec Jean BAECHLER
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

La démocratie : tel est le thème de l’année 2010 proposé aux membres de l’Académie des sciences morales et politiques. Pour ouvrir cette série de communications, Jean Baechler, historien, sociologue et penseur de la politique, invite à réfléchir sur la définition de la démocratie, sa place dans l’histoire et sa résurgence en Europe. Un magistral survol d’un système toujours perfectible !

Jean Baechler, membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1999, section Morale et Philosophie, a ouvert, le lundi 11 janvier 2010, l'année académique dont le thème de travail a été proposé par le président Jean Mesnard : la démocratie. Etant l'auteur de nombreux ouvrages dont deux précisément sur ce sujet : Démocraties et Précis de démocratie, Jean Baechler, qui développait cette thèse déjà en 1985, est certainement l'un des penseurs les mieux à même de proposer une réflexion de fond sur les origines de la démocratie.

Encore faut-il bien s'entendre sur le mot "origines" : pour lui, il ne s'agit nullement de la genèse de la démocratie, mais plutôt de la réunion de toutes les possibilités, de toutes les conditions, qui sont requises pour générer la démocratie.

La démocratie est, pour lui, un régime politique parmi d'autres. Un régime naturel à l'espèce humaine mais qui exige certaines conditions pour exister (lesquelles sont loin d'être toujours réunies).

Ainsi Jean Baechler a-t-il défini la démocratie comme un ensemble de dispositifs et de procédures au sein d'une "politi". Mais pour le définir comme un régime parmi d'autres, il convient de dresser une typologie des régimes politiques existants. Jean Baechler s'y emploie dans cette communication, précisant que tout dépend des relations au pouvoir. Il distingue trois régimes "fondamentaux" : l'autocratie (régimes despotique, tyrannique, autoritaire) ; la hiérocratie (pouvoir légitimé par un principe supérieur qui délègue à un vicaire reconnu par les obéissants) ; la démocratie (le pouvoir est délégué d'en bas). La démocratie est donc un régime politique où le pouvoir est détenu par des acteurs individuels ou collectifs qui délèguent pour le bien commun.

Elle admet les inégalités à conditions qu'elles soient justes (ne pas confondre égalité et identité, comme l'avait déjà souligné Hegel, on peut être identiques sans être égaux).

Jean Baechler détaille ensuite les "avatars" historiques de la démocratie, depuis la période où elle était "pure" (cueilleurs-chasseurs) jusqu'à sa disparition dans les grands empires. Au passage, il récuse l'idée que la démocratie aurait été inventée à Athènes...

Enfin, il s'explique longuement sur les conditions qui ont permis le développement et la résurgence démocratique en Europe. Il a fallu, en effet, plusieurs conditions précises pour qu'elle puisse se développer là plutôt qu'ailleurs.

En conclusion, Jean Baechler affirme qu'il est normal qu'une démocratie marche mal, que c'est un idéal jamais atteint et indéfiniment perfectible.
En vérité, il n'y a jamais de démocraties mais des démocratisations et les conflits, les révoltes, sont plutôt des signes de bonne santé !

Consulter la fiche de Jean Baechler sur le site de l'Académie : www.asmp.fr. Le site mettra prochainement en ligne l'intégralité du texte de J. Baechler.

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