Année Darwin : Géographie des plantes et évolution des espèces (1/3)

Par Jean-Marc Drouin, historien des sciences, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle.
Charles DARWIN
Avec Charles DARWIN
Membre de l'Académie des sciences

Dans le cadre de l’année dédiée à Charles Darwin, les conférences organisées par le Muséum relatent une période historique de l’évolution. Quand la géographie des plantes rejoint l’évolution des espèces avec Candolle et Darwin.

La Grande Galerie de l’Evolution du Muséum nationale d’Histoire naturelle accueille depuis la rentrée 2009, des cycles de conférence autour de la nature et la science. Jean-Marc Drouin, historien des sciences et professeur au Muséum, proposait le 21 septembre 2009, un rendez-vous intitulé « Géographie des plantes et évolution des espèces: les Candolle et Darwin. »

L’année 2009 était l’année Darwin à double titre. Elle célébrait le 200ème anniversaire de la naissance de Charles Darwin et le 150ème anniversaire de la publication de l’"Origine des espèces", ouvrage phare de la théorie de l'évolution.

C’est dans cet ouvrage publié en 1859 que le naturaliste anglais expose sa théorie de l’évolution selon laquelle, au sein d’une même espèce les individus qui ont hérité de caractères plus adaptés à leurs environnements se reproduisent mieux que les autres. Ainsi, en quelques générations une espèce peut être totalement modifiée jusqu’à donner naissance à une nouvelle espèce.

Dans la retransmission que Canal Académie vous propose, Jean-Marc Drouin « a voulu confronter Darwin avec deux des grands tenants de la biogéographie : la géographie des plantes et celle des animaux.» Ainsi, il présente les différents travaux de Georges Cuvier (1769-1832), anatomiste français ou encore d’Alexander von Humboldt (1769-1859), membre associé de l’Académie des sciences française qui proclamait sa méfiance vis-à-vis de la recherche des origines : «la première origine des choses ne peut être ni un problème d’histoire ni un objet de recherche pour un naturaliste.»

La laîche des sables (carex arenaria) étouffe les autres plantes quand elle se trouve sur un sol sablonneux


Pourquoi n’y-a-t-il pas de bananiers en Laponie? Pourquoi certaines plantes ont voyagé et d’autres non? Autant de questions que se sont posées les plus éminents naturalistes. Au travers des réflexions d’Augustin-Pyramus de Candolle, Jean-Marc Drouin explique comment la distribution spatiale des végétaux s’est faite et nous éclaire sur la compétition qui peut exister entre les organismes de différentes espèces.

#8FCF3C; font-weight: bold;">« Certaines plantes ne peuvent pas vivre dans certaines localités parce qu’elles ont besoin de certaines circonstances qui ne s’y trouvent pas. Par exemple, une certaine quantité d’eau ou de lumière. Mais parmi les plantes qui peuvent pousser en un même lieu, il en est qui prospèrent plus que les autres et c’est là qu’intervient la compétition» selon Alphonse-Pyramus de Candolle. Avec cette idée que la présence ou l’absence de plantes dans certains lieux géographiques dépend du terrain en lui-même, Candolle rejoint Charles Darwin, pour qui un organisme n’est pas plus perfectionné en soi, il l’est toujours par rapport à un terrain. On s’approche de la loi du plus fort. A cela près qu’un organisme plus fort dans un lieu peut se révéler moins fort dans un autre lieu. La laîche des sables illustre très bien cette idée : Lorsqu’elle se trouve sur un terrain sablonneux, elle a la capacité d’étouffer les autres plantes qui l’entoure alors que sur un sol compact, c’est elle qui sera étouffée. En multipliant les exemples et en confrontant les théories des différents naturalistes, Jean-Marc Drouin, se plait à rappeler que « la lutte pour la vie, c’est l’adaptation à des circonstances données d’un organisme donné.»

Augustin-Pyramus de Candolle, fondateur de la géographie botanique

- Augustin-Pyramus de Candolle (1778-1841), le genevois a été passionné de botanique dès son adolescence. Associé étranger, il est entré à l’Académie des sciences en 1842. A lui tout seul, il aura répertorié plus de 6350 espèces. De 1796 à 1808, il s’installe à Paris où il étudie la médecine et collabore avec Lamarck et Cuvier. En 1808, il prend la direction du jardin Botanique de Montpellier, fondé par Henri IV. Auguste-Pyramus de Candolle est considéré comme le fondateur de la géographie botanique en tant que discipline scientifique. S'attachant à découvrir les lois intimes, celui que l’on surnommait «l’homme à l’arrosoir» du fait des longues heures qu’il passait assis sur cet ustensile à observer les plantes, fit triompher définitivement la méthode naturelle et poussa aussi loin que possible la classification : il portait à la fin de sa carrière le nombre des espèces connues à 80 000.

selon Charles Darwin, les espèces qui survivent  sont celles qui savent s’adapter le mieux aux changements.

- Charles Darwin (1809-1882), père fondateur de la théorie moderne de l’évolution. Très jeune, Darwin s’intéresse à la botanique et à la géologie. En octobre 1859, il publie "L’origine des espèces ", ouvrage dans lequel, le naturaliste anglais expose sa théorie de l’évolution selon laquelle, au sein d’une même espèce les individus qui ont hérité de caractères plus adaptés à leurs environnements se reproduisent mieux que les autres. Ainsi, en quelques générations une espèce peut être totalement modifiée jusqu’à donner naissance à une nouvelle espèce. Embarqué sur le Beagle en 1831 comme naturaliste, il part visiter l’archipel des Galápagos. Là-bas, il découvrira une faune et une flore qui le conduiront à ébaucher sa théorie évolutionniste. Son intérêt pour les fleurs et les plantes donnera lieu à la publication en 1868 de « variation des animaux et des plantes sous domestication.» En 1878, il est élu correspondant de l’Académie des sciences française.

En savoir plus:

- Consultez les émissions de Canal Académie autour de Charles Darwin_

- Ecoutez la 2ème conférence du Muséum intitulée "Année Darwin : Anatomie comparée et transformisme : de Buffon à Darwin", par Stéphane Schmitt, chargé de recherches au CNRS

- Poursuivez l'aventure scientifique en écoutant la 3ème conférence du Muséum intitulée “Confidences d’Albert Gaudry (1827-1908) sur Charles Darwin (1809-1882)” par Pascal Tassy, paléontologiste, professeur au Muséum.

- [Pour participer aux prochaines conférences du Muséum national d’Histoire naturelle, rendez vous sur le site:->
http://www.mnhn.fr/museum/foffice/transverse/transverse/accueil.xsp]

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