La paléo-pathologie osseuse : une enquête préhistorique !

Par Henri Duday, paléo-pathologiste

La paléo-pathologie osseuse consiste à faire des recherches sur les pathologies des populations anciennes. A partir de restes humains exhumés au moment des fouilles, le paléo-pathologiste Henry Duday réalise une véritable enquête sur l’individu et reconstitue petit à petit toute une partie de l’histoire de cet aïeul, mais aussi des mœurs du groupe. Cette communication avait lieu en mai 2009 à l’Institut de paléontologie humaine à Paris.

_

Henri Duday, paléo-pathologiste

Henri Duday est paléo-anthropologiste et spécialiste de l'archéologie funéraire : il fouille et exhume des sépultures pour comprendre les gestes funéraires et trouver des informations sur les individus dont on trouve les restes.

Parmi les quelques exemples cités au cours de sa communication pour illustrer sa discipline citons le cas d'une sépulture mésolithique fouillée à Bonifacio, en Corse : Il s'agit d'une femme adulte d’un certain âge, qui a souffert de diverses lésions.

Tout d'abord lors de la fouille, la main gauche de la femme est dans une position singulière : dressée dans le sol. C'est une position que prend spontanément la main lorsqu'il y a paralysie d’un des nerfs moteurs de la main (nerf ulnaire).
Parallèlement, son cubitus gauche est normal mais on devine un renflement très lisse, bien décalé. La radiographie montrera une fracture ancienne parfaitement consolidée. Or, on sait q'une des causes d’une paralysie ulnaire est la fracture du cubitus !

Avançons plus loin dans cette enquête. Toujours en observant la main de cette femme, il apparaît que le troisième métacarpien gauche a un petit renflement au milieu. Il est anormalement arqué, signe d'une autre fracture ancienne.
De même, deux expansions osseuses du côté d'une phalange, véritable ossification des ligaments.
Sur les radios, le cinquième métacarpien a été broyé.

Cette femme avait une main totalement bloquée. Mais ce n'est pas tout !
En poursuivant le diagnostic, on s’aperçoit qu’elle avait également un kyste à une incisive, de larges dépôts de tartre, une hernie intra-spongieuse et une arthrite inter-phalangienne :

Cette femme était donc handicapée, terriblement handicapée. Elle n’aurait pas pu survivre avec tous ses traumatismes… sans l’aide de la communauté.
A travers le diagnostic de cette femme de Bonifacio, on peut donc déduire qu’à l’époque du mésolithique existait déjà une entre-aide entre les individus.

Ce cas d’entre-aide n’est pas un cas isolé. On retrouve le même schéma en Irak d’un néanderthalien polytraumatisé qui a survécu grâce à l’assistance de la communauté.


Ecoutez l'enquête du professeur Henri Deday ! et poursuivez la résolution d'autres énigmes en sa compagnie. Nous vous invitons à télécharger le support visuel pour suivre les explications d'Henri Deday :

En savoir plus :

- Cette conférence avait lieu en mai 2009 à l'Institut de paléontologie humaine

- Retrouvez nos émissions sur la préhistoire ici

Cela peut vous intéresser