Seiji Ozawa, reçu sous la Coupole

Le chef d’orchestre japonais est membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts
Avec Seiji OZAWA
Associé étranger

Le chef d’orchestre japonais Seiji Ozawa a été reçu à l’Académie des beaux-arts le 24 septembre 2008. Nous vous proposons d’entendre la retransmission intégrale de cette cérémonie -le discours de Hugues R. Gall suivi de celui de Seiji Ozawa-, ainsi qu’un court entretien que le maître nous a accordé avant la cérémonie.

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Seiji Ozawa a été élu à l’Académie des Beaux-Arts, comme membre associé étranger, le 27 juin 2001. Il raconte lui-même qu'il a mis sept années pour arrêter la date de sa réception sous la Coupole. Il fallait un mercredi qui convienne à la fois à son emploi du temps et à celui de l'Académie -car le mercredi est le jour de l'Académie des beaux-arts.

Voici donc maître Ozawa reçu sous la Coupole, le 24 septembre 2008, en présence de l'ensemble des membres de l'Académie des beaux-arts, ainsi que nombreuses personnalités, parmi lesquelles le compositeur Henri Dutilleux et la ministre de la Culture, Christine Albanel.

Dans cette émission, nous vous proposons d'écouter une courte interview, de quelques minutes, que nous avons enregistré avant la cérémonie.
Puis vous pouvez entendre l'intégralité de la réception sous la Coupole, c'est-à-dire :
- le discours de Hugues R. Gall, ancien directeur de l'Opéra de Paris ;
- la "réponse" de Seiji Ozawa, qui fait l'éloge de son prédécesseur, Yehudi Menuhin, et évoque son amour pour la musique française ;
- et enfin, deux mouvements des sonates et partitas pour violon seul de Jean-Sébastien Bach, interprétés par Agata Szymczewska.

Hugues R. Gall
© Académie des beaux-arts

Discours de Hugues R. Gall :

Dans son discours, Hugues R. Gall évoque le parcours de Seiji Ozawa : sa formation auprès de Charles Münch, d'Herbert von Karajan et de Leonard Bernstein ; ses premiers pas à l'opéra, dans Cosi fan tutte de Mozart ; son admiration pour Debussy et Poulenc ; ses liens d'amitié avec Olivier Messiaen, dont Seiji Ozawa a créé l'opéra Saint-François d'Assise à l'Opéra Garnier en 1983 ; sa collaboration étroite avec Henri Dutilleux.
«Chaque soir à l’Opéra Bastille ou au Palais Garnier,» déclare Hugues R. Gall, «j’étais, comme vos interprètes, pris dès la première note, par la grâce qui émane de vous et qui nous irradie tous, musiciens dans la fosse, chanteurs, choristes sur la scène, public enfin, charmé par cette tension souriante, cette énergie contenue, et cette élégance exhalée de mesure en mesure, tout au long du discours musical. Il m’est arrivé souvent, vous l’avouerai-je, de rester là, dans mon bureau pendant tout un acte, incapable de quitter des yeux l’écran du téléviseur où, en direct, vous me faisiez face, comme si j’étais à moi seul tout l’orchestre, tout le plateau : je suivais vos gestes, ces accents esquissés, cette articulation si dansante qui engage tout votre être, vos yeux, vos bras, votre corps jusqu’à cette célèbre chevelure qui, elle aussi participe du signal que vous impulsez à tous les interprètes placés sous votre autorité.
Autorité ? Le mot est mal choisi : pour vous, il faut parler d’aura, d’une totale intimité avec la partition, d’une telle intelligence du texte musical que l’on croit lire toute l’œuvre à vous la voir danser ! Car c’est bien de danse qu’il s’agit. Comme une bacchante, vous êtes possédé, habité tout entier par l’ouvrage, c’est lui votre chorégraphe. Et quel grand danseur vous êtes, cher Seiji !»

Seiji Ozawa, applaudi par ses confrères de l’Académie des beaux-arts
© Académie des beaux-arts

Discours de Seiji Ozawa :

Comme le veut la tradition académique, Seiji Ozawa fait l'éloge de son prédécesseur, Yehudi Menuhin. Ozawa rappelle que le violoniste virtuose avait commandité à Béla Bartók la sonate pour violon seul (créée en 1944). Ozawa parle également de l'attirance de Menuhin pour le jazz -il a enregistré avec Stéphane Grapelli-, pour le yoga et pour la musique de Ravi Shankar.
Au cours de son allocution, Seiji Ozawa s'est fendu d'une anecdote. Il était invité par Herbert von Karajan à diriger l'Orchestre Philharmonique de Berlin pour le centenaire de cette célèbre formation en 1982. Le programme durait cinq heures. Au cours de la soirée, un invité-surprise, en l'occurence Yehudi Menuhin, est venu prendre la baguette. Et le violoniste a dirigé l'orchestre dans la position du poirier, avec les pieds... -ce qui n'a pas ravi, on s'en doute, le maître des lieux Herbert von Karajan.

Seiji Ozawa évoque ensuite son histoire personnelle. Ses 62 jours de traversée depuis le Japon, pour venir en Europe la première fois. Sa rencontre avec Charles Münch lors du concours de direction d'orchestre à Besançon -qu'il a remporté en 1959- et son apprentissage auprès du maître à Tanglewood, résidence d'été du Boston Symphony Orchestra. Sa formation auprès du japonais Saito Kinen. Son admiration pour Olivier Messiaen. Sa collaboration avec Henri Dutilleux, dont il a créé en 1997, à la tête du Boston Symphony Orchestra, l'œuvre Shadows of Time, puis en 2007, Le temps, l'horloge au Saito Kinen Festival (œuvre dont la création européenne aura lieu au Théâtre des Champs-Elysées, le 7 mai 2009, avec Seiji Ozawa à la tête de l'Orchestre national de France et la soprano Renée Flemming).
«La France m'a toujours accueilli chaleureusement, conclut maître Ozawa. Je me sens "at home" !».

Pour écouter ces discours, ainsi qu'une courte interview de Seiji Ozawa, rendez-vous sur le fichier audio, en haut de cette page.

En savoir plus :
- Lisez l'intégralité du discours de Hugues Gall, en vous rendant sur le site de l'Académie des beaux-arts.
- Écoutez une interview avec Hugues Gall, réalisée en juin 2006 : Hugues Gall, de l’Académie des beaux-arts, et l’opéra
- Lisez une biographie de Seiji Ozawa sur le site de l'Académie des beaux-arts (cliquez sur "associés étrangers")

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