Prévenir l’asthme avec le lait maternel ?

par Valérie Verhasselt, chercheur à l’INSERM, à Valbonne

Les études réalisées sur la souris le prouve : une mère en contact régulier avec des allergènes, induit une prévention de l’asthme à son petit. En transmettant l’allergène par le biais du lait maternel, elle induit une tolérance à sa progéniture. De la souris à l’homme, il n’y a qu’un pas... Détails en compagnie de Valérie Verhasselt qui a mené ces travaux.

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Valérie Verhasselt, chercheur à l’INSERM

L’asthme est une maladie respiratoire chronique dont la prévalence est en augmentation constante ces dernières décennies et qui touche actuellement 300 millions d'individus dont deux tiers d'enfants.
Les facteurs principaux mis en exergue pour expliquer cette augmentation sont la pollution et une hygiène excessive.

D’autres facteurs semblent quant à eux protecteurs tels que l’allaitement maternel. Afin de comprendre comment l’allaitement maternel peut empêcher le développement de l’asthme, Valérie Verhasselt a émis l’hypothèse suivante : lorsqu’une mère qui allaite respire de potentiels allergènes, ces allergènes inhalés pourraient, à l’instar des aliments, passer dans le lait et être transmis au nouveau-né.

Cette voie de transmission d’un allergène pourrait être particulièrement efficace pour rendre l’enfant tolérant à cet allergène étant donné la présence connue dans le lait maternel de molécules et cellules du système immunitaire.

En testant cette hypothèse sur la souris, Valérie Verhasselt a retrouvé l’allergène dans le lait des mères exposées à des aérosols. Elle a observé que les souris allaitées par des mères exposées à l’allergène présentaient une nette inhibition des symptômes caractéristiques de l’asthme par rapport aux souris allaitées par des mères non exposées.

Elle a alors pu démontrer que cette protection était spécifique de l’allergène administré à la mère.

Ces observations mettent en évidence l’importance de la présence d’antigène de l’environnement dans le lait maternel sur l’induction de tolérance orale chez le nouveau-né et devraient permettre le developpement de nouvelles stratégies de prévention des maladies allergiques en modifiant les pratiques d’allaitement et la qualité des laits artificiels.

Valérie Verhasselt est intervenue le 10 juin 2008, dans le cadre d'une séance de l'Académie des sciences consacrée aux grandes avancées biologiques françaises.

En savoir plus :

- Valérie Verhasselt, travaille au Laboratoire des maladies infectieuses, auto-immunes et allergiques Inserm U924 Valbonne.

- Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)

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