Arthur Conte, un "homme libre", raconté par sa fille

Dominique Bona

Homme politique et écrivain, journaliste et rugbyman, grand amoureux de sa région et homme libre, Arthur Conte continue à parler sa langue catalane dans les couloirs de la politique française ou à l’ORTF où il déclare qu’"il faut développer les forces de la joie" !

_ Fils de viticulteur, Arthur Conte naît le 31 mars 1920 à Salses, dans les Pyrénées-orientales. Après des études secondaires au lycée de Perpignan, il s'inscrit à la faculté des lettres de Montpellier où il obtient une licence de lettres et un diplôme d'études supérieures classiques.

L’ancienne forteresse de Salses, village des Pyrénées-Orientales. Construite de 1497 à 1504 par l’Espagne, sur ordre de Ferdinand le Catholique, roi d’Aragon, pour barrer l’accès du Roussillon à la France

Déporté du travail sous l'Occupation, il est interné au camp de Neue-Bremm. Initialement journaliste, éditorialiste de politique internationale au journal L'Indépendant de Perpignan puis chroniqueur international à Paris Match, auteur de plus de 80 ouvrages, Arthur Conte entre dans la vie politique en 1946 comme secrétaire fédéral du Parti socialiste des Pyrénées-orientales. L'année suivante, il devient maire de Salses son village natal et préside l'Union des maires du département. Il a tout juste 27 ans. Il ne sait pas encore qu'un jour il dirigera l'ORTF.

Arthur Conte, homme politique, écrivain, journaliste

Quel est le moteur de sa carrière ? Comment se partage sa vie ?

Pour sa fille Dominique Bona, écrivain et critique littéraire, la voix de son père résonne comme «un accent de fidélité à une région profondément ancrée en lui qui est la région catalane». Sa différence à lui, il la cultive : il grandit en catalan et apprend le français à l'école.
Homme optimiste, authentique, il fait quelquefois figure d’exception dans des milieux très galvaudés où il étonne par son humour, son franc-parler et surtout son accent. Comme il le dit lui-même : «je roule les “r” comme une rivière qui charrie des cailloux.»

Avec des racines catalanes essentielles, qui définissent sa personnalité, ce qui compte avant tout c'est la famille, le milieu des viticulteurs, le rugby, les amitiés, le soleil parce que «le cœur bat plus vite et plus fort dans ce pays natal.»

Très bon élève, sa vocation d'écrire est vite repérée par ses professeurs et par le maire du petit village d'à côté. Ses parents presque inquiets ne tardent pas à le voir s'éloigner d'abord à la ville (Perpignan), puis à Paris.

Le monument Le Castillet, ancienne porte et prison de Perpignan

Ecrivain, journaliste, homme politique... Comme nous le précise sa fille, «il y a plusieurs Arthur Conte» même si, au fond, le désir d'écrire l'emporte toujours. Il aime aussi l'action, le fait de se confronter à ses contemporains, «avec une vision large de la politique», souligne Dominique Bona. De son enfance elle se souvient : «il chantait énormément, il racontait des histoires transmises de ses propres parents et grands-parents. Il avait toujours un stylo à la main. Quand la porte de son bureau était fermée, nous n'osions jamais le déranger.»

Un homme libre avant tout

Cette énergie incroyable, cette transversalité de goûts et de compétences, il la met en pratique à la télévision où il trouve un univers qui lui convient bien avec l'information, la création et la chanson. Et puis c'est une époque où il n'y a qu'une seule télévision. Il l'imagine conviviale, joyeuse, dynamique. Le challenge est rude ; la mission intense et brève. Celui qui proclame «développer les forces de la joie» se heurte au gouvernement Pompidou. Il démissionne. Amer, seuls 15 jours lui suffisent pour écrire un ouvrage qui décrit les conditions de son départ. Hymne à la vie et à la liberté, ce livre s'intitule : «Hommes libres».

L'homme de tous les hommes, termine l'ouvrage par un message : «Par-dessus tout, je garde une fierté irréductible : durant les seize mois passés à la tête de l’O.R.T.F., j’aurais animé cette maison en homme libre pour mieux en faire une maison d’hommes libres au service de tous les hommes libres...»

Dominique Bona, écrivaine et critique littéraire

Dominique Bona, écrivain et critique littéraire, est née le 29 juillet 1953 à Perpignan (Pyrénées-Orientales). D'une famille catalane, fille d'Arthur Conte, elle est agrégée de lettres modernes (après des études supérieures à la Sorbonne). Elle reçoit le prix Renaudot en 1988 pour Le «Manuscrit de Port Ebène», le Prix Méditerranée pour «Gala» en 1994, le prix Interallié pour «Malika» en 1992. Son dernier livre «Camille et Paul, la passion Claudel» est publié chez Grasset.

En savoir plus :

- Quelques ouvrages d'Arthur Conte :

Hommes libres ...Image retirée.
Au village de mon enfanceImage retirée.

- Les derniers livres de Dominique Bona :

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