Hommage à Jean Bernard par Maurice Druon, de l’Académie française

Souvenir de leur rencontre à Marseille en 1942
Maurice DRUON
Avec Maurice DRUON de l’Académie française,

Maurice Druon évoque la rencontre de Jean Bernard à Marseille en 1942, lors de la Résistance. Ce n’est que trente ans plus tard qu’ils se retrouveront, sous la Coupole de l’Académie française, en 1976. Retour sur ce détail de la vie du grand spécialiste des leucémies.

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Jean Bernard (1907-2006), fut élu à l’Académie française en 1975 au fauteuil de Marcel Pagnol.

Né le 26 mai 1907 à Paris dans le 7e arrondissement, Jean Bernard occupe dès son adolescence un client assidu de la librairie de la poétesse Adrienne Monnier. Sa boutique est un salon littéraire permanent où se retrouvent les écrivains en vogue, tels qu'André Gide, Samuel Butler, James Joyce, Jules Romains,Claudel, Aragon, Soupault, Breton...

Il hésite entre devenir médecin ou écrivain...Mais n'étant pas sûr de son talent pour l'écriture, il opte finalement pour la médecine.

En 1930, reçu interne des hôpitaux de Paris, et en 1936, il apporte la preuve que les leucémies correspondent à des cancers de la moelle osseuse.

En octobre 1940, en il entre dans la Résistance.
Arrêté par la GESTAPO en 1942 enfermé à la prison de Fresnes. Il compose alors de tête une sorte de "prière des prisonniers de Fresnes" qu'il couchera sur papier dès sa sortie :

Seigneur, vous nous voyez quatre dans cette cellule. L'un gît sur le sol. Deux, se suivant, marchent de mur en mur. Et le quatrième, le front appuyé sur la vitre, s'efforce en vain de deviner le monde, un pauvre monde de cours grillées, de murailles grises, un pauvre monde dont le verre dépoli lui dérobe l'apparence même.

Cent jours plus tard, il est relâché.

Après la seconde guerre mondiale, il reprend ses activités de médecin. En 1947, il réalise la première exsanguino-transfusion (échange du sang), sur un enfant leucémique. Les résultats sont au delà des espèrances, mais malheureusement, la joie n'est que de courte durée ; l'enfant malade succombera à sa maladie.
Après vingt ans de combat contre les leucémies, Jean Bernard et ses équipes arriveront à passer le cap de la prologation de vie pour arriver à une rémission totale.

Jean Bernard et les académies :

Jean Bernard a 75 ans quand lorsqu'il est élu à l'Académie des Sciences en 1973. L'année suivante, il entre à l'Académie nationale de médecine, avant d'élu en 1975 à L'académie française, et reçu l'année suivante sous la Coupole de l'Institut.

Petite ancedote : il est élu face à Jean Dutourd, qui entrera finalement en 1978 à l'Académie française (au fauteuil de Jacques Rueff)

Tous les jeudis, Jean Bernard participait à la séance du dictionnaire, jusqu'en avril 2006.
Celui qui a toujours pensé que l'exercice de la médecine se rapprochait de la littérature reste immortel devant ces pairs et c'est pourquoi Maurice Druon parle de son défunt confère au présent.


Bibliographie :

- Médecin dans le siècle, éditions Robert Laffont
- Vieillir, Entretiens avec Antoine Hess, éditions Calmann-Lévy
- Les deux privilèges, éditions Flammarion
- Rêveries d'un promeneur solitaire dans le jardin du Luxembourg, éditions Buchet-Chastel
- L'avenir de la Médecine, éditions Buchet-Chastel
- Circonstances, éditions Buchet-Chastel


En savoir plus sur :

- Jean Bernard de l'Académie française
- La vie de Jean Bernard, accès gratuit à un ouvrage en ligne sur Internet de Michèle Meyer, Le scalpel et l'épée

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